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Homélie du lundi de Pentecôte : « Dans un unique Esprit »

Retrouvez ici l’homélie prononcée par Monseigneur Gilbert Aubry le lundi de Pentecôte, 29 mai 2023, au Chaudron.

Article mis en ligne le 31 mai 2023

par Centre diocésain d’information

Chers frères et soeurs en Jésus-Christ,
Chers frères et soeurs en humanité,

C’est une grande joie de nous retrouver dans le souffle et la lumière de la Pentecôte. C’est l’Esprit Saint qui nous rassemble. Cela nous permet de regarder en face des attitudes et des comportements négatifs qui risquent de transformer notre société réunionnaise en cocotte-minute explosive : manque d’écoute, suspicions, peurs, discriminations, exclusions, polémiques, insultes, calomnies et médisances stratégiques. Souvent, les réseaux sociaux sont détournés de leurs moyens de communication et d’amitié pour devenir des instruments d’inimitié et de combat. Nous avons connu, il n’y a pas longtemps, des morts par coups de couteau, d’autres tués par un commando de mauvais citoyens armés de fusils.

Cela nous interpelle tous et nous appelle tous à changer nos mentalités et nos comportements. Nous avons à nous engager, nous chrétiens, à mieux vivre la Bonne Nouvelle de l’Evangile pour la gloire de Dieu, pour porter une contribution de poids à l’humanisation de notre société. Elle aspire à une respiration d’espérance dans la construction d’un monde de paix, dans la construction en commun d’une civilisation de l’amour.

 L’Espérance qui tient bon

Il n’y a rien de nouveau sous le ciel sinon que les technologies sont en croissance exponentielle et que tout va de plus en plus vite. Nous avons moins de temps pour nous asseoir, réfléchir en profondeur ou nous rencontrer gratuitement. D’autant plus que la conscience humaine est tiraillée entre le bien et le mal. N’oublions pas que nous vivons en tant qu’humanité avec une conscience blessée depuis le péché des origines par Adam et Eve, par les premiers hommes et les premières femmes. Mais Dieu a un projet d’amour pour l’humanité. A travers tous les bouleversements que nous aurons à vivre, il ne permettra pas que son projet aille à la faillite. Rien de nouveau sous le ciel, sauf en profondeur l’Espérance qui tient bon avec les cœurs des croyants remplis d’amour.

590 ans avant Jésus-Christ, à travers le prophète Ezéchiel, Dieu a fait une promesse au peuple de l’Alliance : « Je verserai sur vous une eau pure et vous serez purifiés. (...) J’enlèverai votre cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair, je mettrai en vous mon esprit : alors vous suivrez mes lois ( ...) vous serez mon peuple et je serai votre Dieu. » (cf. Ez. 36, 24-28)

Il s’agit alors d’une nouvelle genèse en perspective.

• Souvenons-nous : la Bible nous dit qu’au début de la création, « la terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. » (Gen. 1,2 )

• Souvenons-nous : les patriarches, les prophètes, Jean Baptiste. Jean Baptiste baptise Jésus dans le Jourdain. Le ciel s’ouvre. L’Esprit descend sous la forme d’une colombe, une voix se fait entendre : « Celui-ci (Jésus) est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis tout mon amour, écoutez-le. » (cf. Mc 9,7)

• Souvenons-nous : Jésus qui a partagé notre vie terrestre, lui vrai Dieu et vrai homme est crucifié. Puis, ressuscité, il enseigne ses disciples. Juste avant l’Ascension, il donne à ses disciples leur ordre de mission : « Allez, proclamez la Bonne Nouvelle, de tous les peuples faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Apprenez-leur à garder tout ce que je vous ai enseigné. Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mth 28, 19-20)

• Souvenons-nous : auparavant, Jésus avait dit : « Si quelqu’un m’aime, il observera ma Parole et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure (...). Le Paraclet, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous fera souvenir tout ce que je vous ai dit. » (Jn 14,23 et 26)

• Et aujourd’hui, Jésus nous redit : « Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le repos pour vos âmes. Oui mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. » (Mth 21, 25 à 30)

Viens Esprit Saint viens dans nos cœurs viens Esprit Saint viens consolateur

Nous, ici à La Réunion, pour la part qui nous revient, nous sommes le peuple des enfants de Dieu Notre Père, par Jésus notre frère aîné, dans le souffle de l’Esprit Saint, une seule et même famille. L’Esprit Saint est la personne Amour, c’est-à-dire l’Amour qui va du Père au Fils et l’Amour qui va du Fils au Père. Et il n’y a pas deux amours. Un seul Amour. Un seul Esprit d’Amour. Un unique Esprit qui est l’Esprit du Père et du Fils. Alors, comme nous dit saint Paul dans sa 2e épitre aux Corinthiens : « C’est dans un unique Esprit, en effet, que tous, juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit. » (1 Co 12,13)

Le fait que Dieu se révèle à nous pour nous faire devenir une seule famille nous demande de faire réussir la vie dans chaque famille qui vit sous le même toit. Dans la grande famille humaine composée de tous les peuples et de toutes les nations sur la terre.

 Faire réussir la vie

Le pape François, dans son message de nouvel an 2017, nous dit que : « (...) la famille est le creuset indispensable dans lequel époux, parents et enfants, frères et soeurs apprennent à communiquer et à prendre soin les uns des autres de manière désintéressée et où les frictions, voire les conflits doivent être surmontés non par la force, mais par le dialogue, le respect, la recherche du bien de l’autre, la miséricorde et le pardon. De l’intérieur de la famille, la joie de l’amour se propage dans le monde et rayonne dans toute la société. » Et dans son encyclique Amoris Letitia, le pape nous donne des jalons pour travailler à l’intégration des divorcés remariés dans l’Église. En effet, le divorce n’efface pas leur baptême. Ils ne sont pas excommuniés. Ils ont leur place dans l’Église.

Je souligne cette nécessité de « prendre soin les uns des autres de manière désintéressée. » En effet, au moment où l’on parle tant de mourir dans la dignité en ayant recours à l’euthanasie ou au suicide assisté, il ne faudrait pas que, pour éliminer la souffrance, on tue délibérément celui qui souffre ou bien encore, l’inciter à se faire disparaître lui-même. Aider vraiment à mourir dans la dignité, c’est tout faire pour manifester de l’amour à la personne qui souffre, lui prodiguer les soins nécessaires pour diminuer sa souffrance, si possible éliminer cette souffrance, permettre alors à cette personne de vivre sa vie jusqu’au bout dans un réseau de relations solidaires, compatissantes et bienveillantes.

Et que l’État, les collectivités, les diverses institutions décident d’investir pour mettre en place les structures nécessaires et former le personnel qui y travaille. Financer aussi la recherche pour s’attaquer aux maladies aujourd’hui incurables. C’est une priorité vu que la population réunionnaise vieillit et que les séniors, de plus en plus, ne peuvent pas être pris en charge par leurs familles. Nous devons prier à cette intention et agir selon nos possibilités. Et toujours il nous faut donner l’envie de vivre jusqu’au bout en donnant du goût à la vie avec les moyens de vivre. Donner le goût de la vie par la promotion et la construction en commun d’une civilisation de l’amour.

Viens Esprit Saint
viens dans nos cœurs
viens Esprit Saint
viens consolateur

 Construire la paix

Elargissons maintenant notre cœur à la dimension mondiale d’une aspiration à la paix alors qu’il y a tant de guerres et que la guerre en Ukraine a des répercussions jusqu’à nous ici à La Réunion. Le 30 novembre 1980, le pape Jean Paul Il nous a donné l’encyclique Dieu riche en miséricorde. Son enseignement, son cri, est d’une actualité brûlante aujourd’hui. Dans la finale de cette encyclique, il nous dit dans le paragraphe 15 : « L’Eglise ne peut oublier la prière qui est un cri d’appel à la miséricorde de Dieu face aux multiples formes de mal qui pèsent sur l’humanité et la menacent. (...) Par un tel cri, comme les auteurs sacrés, faisons appel au Dieu qui ne peut mépriser rien de ce qu’il a créé, au Dieu qui est fidèle à lui-même, à sa paternité, à son amour ! Comme les prophètes, faisons appel à l’aspect maternel de cet amour qui, comme une mère, suit chacun de ses fils, chacune des brebis perdues ; et cela même s’il y avait des millions d’égarés, même si dans le monde l’iniquité prévalait sur l’honnêteté, même si l’humanité contemporaine méritait pour ses péchés un nouveau « déluge », comme le mérita jadis la génération de Noé !

Ayons recours à l’amour paternel que le Christ nous a révélé par sa mission messianique, et qui a atteint son sommet dans sa croix, sa mort et sa résurrection ! Ayons recours à Dieu par le Christ, nous souvenant des paroles du Magnificat de Marie, proclamant la miséricorde « de génération en génération » ! Implorons la miséricorde divine pour la génération contemporaine ! Que l’Eglise, qui cherche à l’exemple de Marie à être en Dieu la mère des hommes, exprime en cette prière sa sollicitude maternelle, et aussi son amour confiant, dont naît la plus ardente nécessité de la prière ! (…)

Au nom de Jésus-Christ crucifié et ressuscité, dans l’esprit de sa mission messianique toujours présente dans l’histoire de l’humanité, nous élevons notre voix et nos supplications pour que se révèle encore une fois, à cette étape de l’histoire, l’Amour qui est dans le Père ; pour que, par l’action du Fils et du Saint-Esprit, il manifeste sa présence dans notre monde contemporain, plus fort que le mal, plus fort que le péché et que la mort. Nous supplions par l’intermédiaire de Celle qui ne cesse de proclamer « la miséricorde de génération en génération », et aussi de ceux qui ont déjà vu s’accomplir totalement en eux les paroles du Sermon sur la montagne : « Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. »

Dieu est Amour.
L’Amour ne passera jamais.


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