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« Un code d’honneur, une solidarité chevaleresque »

Homélie prononcée par Monseigneur Gilbert Aubry le 14 mai 2023, à la Plaine des Cafres, lors de la messe des motards.

Article mis en ligne le 16 mai 2023

par Mgr Gilbert Aubry

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,
Chers frères et sœurs en humanité,

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. La plupart d’entre nous avons fait le signe de la croix. Cela veut dire que nous sommes disciples du Christ, disciples de Jésus-Christ. Nous sommes baptisés dans cette volonté du Christ de faire de nous des enfants de Dieu son Père et Notre Père. Lui, Jésus, notre frère aîné, nous précède et nous accompagne sur la route de notre vie. Lui, Jésus, nous unit dans le même Esprit, dans un même souffle de vie, dans une même famille humaine. La vie de chacun de nous découle de la vie d’un homme et d’une femme, dans cette vie qui provient du Vivant de toute vie.

Nos noms et prénoms sont inscrits sur les registres de l’État civil, mais bien plus. Nos noms et la trajectoire de notre vie, de nos vies, sont inscrits dans les cieux grâce au ministère de l’Église. En effet, à la fin de sa vie terrestre – il y a quelque 2023 ans – après sa passion, sa mort et sa résurrection, avant de remonter vers son Père et notre Père, avant l’Ascension, Jésus a donné à ses disciples un ordre de mission. Il leur a dit : « Allez, proclamez la Bonne Nouvelle, de tous les peuples faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, apprenez-leur à garder tout ce que je vous ai enseigné, et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. » (Mth 28, 19-20) Donc, nous ne sommes pas comme ces Samaritains des Actes des Apôtres qui n’avaient pas encore reçu l’Esprit-Saint puisqu’ils avaient été baptisés seulement au nom de Jésus (cf. Act 8, 16).

 L’enseignement de Jésus

Et quel est l’enseignement de Jésus ? Il n’est pas compliqué à comprendre : c’est l’Amour et toujours l’Amour. Qu’est-ce qu’Il nous dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, de tout ton esprit et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Mc 12, 30-31) Et puis encore « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 15,12) Il n’y a pas besoin d’être chrétien pour aimer. Mais pour aimer comme Jésus, jusqu’au bout de l’Amour, jusqu’au bout de la croix, jusqu’au sommet de la douleur, même si nous devons tout faire pour éliminer la souffrance, oui, c’est la mission du chrétien. Il faut savoir que les disciples que nous sommes, nous ne sommes pas au-dessus du Maître (cf. Mth 10, 24). Paroles de Jésus. Et encore, Jésus nous apprend une seule prière : « Notre Père qui es aux cieux… nom sanctifié… volonté soit faite sur la terre… soit faite dans mon cœur comme au ciel… pardonne-nous comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Délivre-nous du Mal. » Si Jésus nous dit cela, c’est bien parce qu’il savait et il sait que la trajectoire de notre vie, de notre vie éternelle est un combat spirituel de tous les instants. Il nous fait comprendre que, sans Lui, nous ne pouvons rien faire (cf. Jn 15, 5) mais qu’avec Lui, nous pouvons soulever des montagnes d’ignorance, de peur, de haine, de mépris, d’individualisme, de consumérisme, de conflits et de guerres. Jésus nous ouvre le chemin de l’Espérance. Il est un peu comme le motard en tête de file de tous les motards qui ouvrent le convoi des invités au banquet d’une grande manifestation, mais bien plus.

 Le chemin, c’est Jésus lui-même

Toi qui es venu ce matin à notre rencontre des motards, tu as piloté ta moto mais c’est la route qui vous a tous conduits jusqu’ici. Personne n’aurait eu l’idée de prendre un autre chemin que celui qui conduit à la Plaine des Cafres pour arriver à la Plaine des Cafres. Pour les motards, comme pour les autres humains, la route, le chemin est intérieur, imprimé sur une carte existentielle qui permet de bien négocier les trajectoires : rester bien en vie et faire réussir la vie. Ce chemin intérieur est bien plus que ton ange gardien. C’est Jésus lui-même qui, aujourd’hui, par ma voix, te dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » de ta vie. (Jn 14,6)

Quand je vous vois rassemblés, vous motards et motardes, sous cet immense chapiteau, devant cet autel marqué par la présence de la croix, je vous perçois comme une confrérie laïque. Il y a un esprit-motard. Vous avez un code d’honneur permettant la reconnaissance des uns par les autres, des uns envers les autres, des uns pour les autres. Je perçois comme une solidarité chevaleresque, solidarité traversée par un souffle spirituel et religieux. En écho, je perçois les paroles de Jésus adressées à chacun de vous et à vous tous : « Tu aimeras… ton prochain comme toi-même. » (cf. Mc 12, 30-31) Donc, ton premier devoir est de t’aimer toi-même. Est-ce que tu t’aimes toi-même en te laissant aimer par Dieu ?

Il y a donc nécessité pour chaque motard, pour chaque motarde de se maintenir en bonne santé. Bonne santé physique, morale, psychologique et spirituelle pour être un bon pilote. Il s’agit aussi d’entretenir sa moto en bon état de marche. Je sais que vous le faites. Vous bichonnez votre bécane mais n’en faites pas une idole. Pensez aussi que la route doit être partagée avec tous les autres usagers. Votre code d’honneur ne peut pas exister sans le respect du code de la route qui est le même pour tous. Votre trajectoire de motards vous fait traverser des villages et des villes dont vous aurez à respecter les habitants, surtout la nuit, quand les personnes de tous âges – surtout les bébés et les seniors – ont besoin de silence et de sommeil pour refaire leurs forces. Ne faites pas alors rugir et hurler vos moteurs. La voie est libre mais pas pour le bruit ! Il y a tellement de misères autour de nous et en nous que, tous, nous sommes conviés à avoir un cœur miséricordieux. Nous-mêmes, chacun et tous, nous avons besoin de faire appel à la miséricorde de Dieu. Surtout quand la guerre en Ukraine a des effets désastreux jusque dans notre île et dans le monde entier.

 Situation du monde « Implorons la miséricorde divine »

Devant la situation dramatique du monde, le pape Jean-Paul II, le 30 novembre 1980, a eu des paroles prophétiques [1] sur la nécessité de faire appel à Dieu :

« Même s’il y avait des millions d’égarés, même si dans le monde l’iniquité prévalait sur l’honnêteté, même si l’humanité contemporaine méritait pour ses péchés un nouveau « déluge », comme le mérita jadis la génération de Noé ! Ayons recours à l’amour paternel que le Christ nous a révélé par sa mission messianique, et qui a atteint son sommet dans sa croix, sa mort et sa résurrection : Ayons recours à Dieu par le Christ, nous souvenant des paroles du Magnificat de Marie, proclamant la miséricorde « de génération en génération » ! Implorons la miséricorde divine pour la génération contemporaine ! Que l’Église, qui cherche à l’exemple de Marie à être en Dieu la mère des hommes, exprime en cette prière sa sollicitude maternelle, et aussi son amour confiant, dont naît la plus ardente nécessité de la prière !
Élevons nos supplications, guidés par la foi, l’espérance et la charité, que le Christ a implantées dans nos cœurs ! Cette attitude est également amour envers ce Dieu que l’homme contemporain a parfois tellement éloigné de soi, considéré comme étranger à lui-même, en proclamant de diverses manières qu’il est « inutile ». Elle est donc amour de Dieu, dont nous ressentons profondément combien l’homme contemporain l’offense et le refuse, ce pourquoi nous sommes prêts à crier comme le Christ en croix : « Père, pardonne-leur ; ils ne savent ce qu’ils font ». Elle est en même temps amour des hommes, de tous les hommes, sans aucune exception ou discrimination : sans différence de race, de culture, de langue, de conception du monde, sans distinction entre amis et ennemis. Tel est l’amour envers les hommes, qui désire le bien véritable pour chacun d’eux et pour chaque communauté humaine, pour chaque famille, pour chaque nation, pour chaque groupe social, pour les jeunes, les adultes, les parents, les anciens, les malades : c’est un amour envers tous, sans exception. Tel est l’amour, cette sollicitude empressée pour garantir à chacun tout bien authentique, pour éloigner de lui et conjurer toute espèce de mal.
Au nom de Jésus-Christ crucifié et ressuscité, dans l’esprit de sa mission messianique toujours présente dans l’histoire de l’humanité, nous élevons notre voix et nos supplications pour que se révèle encore une fois, à cette étape de l’histoire, l’Amour qui est dans le Père : pour que, par l’action du Fils et du Saint-Esprit, il manifeste sa présence dans notre monde contemporain, plus fort que le mal, plus fort que le péché et que la mort. »

Monseigneur Gilbert Aubry


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