Témoignage de sœur Marie Stella des Filles de Marie à l’occasion de sa profession perpétuelle célébrée le 2 juin
Je rencontre sœur Marie Stella sur son lieu de travail, à la crèche Notre-Dame des Enfants à Saint-Denis. À un moment de nos échanges, un petit garçon échappe à la surveillance de l’équipe pour rejoindre la religieuse qui se met à rire. Ils sont 73 enfants à être accueillis dans cette crèche, située à deux pas de la maison-mère des Filles de Marie.
Sœur Marie Stella vient de Diego-Suarez, la plus grande ville du nord de Madagascar et 3e port de la Grande Île. Ses parents sont catholiques même s’ils ne vont pas à la messe tous les dimanches contrairement à elle et sa sœur aînée. Elle est plongée dans le bain catholique par sa scolarité et reçois les sacrements jusqu’à la confirmation. De plus, son implication dans la vie de la paroisse à la cathédrale nourrit sa foi. « Mon engagement dans la paroisse m’a aidé à dynamiser ma foi. Tout ce que l’on fait, c’est pour Dieu, et cela m’a poussé à faire le bien pour les autres », partage-t-elle.
Une autre expérience décisive marque sa jeunesse : le scoutisme. « Avec les scouts, on nous apprend à vivre ensemble, à développer nos talents, à connaître, respecter et s’émerveiller devant la nature, à porter témoignage, et à mettre Dieu au centre de nos vies », atteste la religieuse. Les valeurs de la fraternité et de la solidarité ne sont pas des mots désincarnés, elles rejoignent celles apprises au catéchisme et celles du civisme découvertes au travers de certains cours comme la philosophie et ancre en elle cette règle d’or présente dans toutes les religions : « Aime l’autre comme toi-même. Ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerais pas que l’on te fasse ».
Dire au monde l’excessive charité du Christ
C’est tout naturellement que la jeune fille souhaite rejoindre la congrégation des Filles de Marie. Stella est âgée de 15 ans. « Le désir d’être religieuse était présent en moi depuis ma jeunesse mais, à un moment donné, se pose la question de ma formation. Après l’obtention de mon Bac à 17 ans, deux choix se présentent à moi : soit intégrer la communauté comme aspirante ou soit étudier la pédagogie pour devenir enseignante ». Stella va opter pour le second choix et se former pour devenir éducatrice de jeunes enfants, à la satisfaction de son père, mathématicien qui est allé jusqu’à l’université et grand entrepreneur malgache. Ce parcours est en cohérence avec sa vision : « Pour mener à bien l’action sociale de l’Église, toute action de charité, il est indispensable d’avoir des compétences, de se former ». Pour sœur Marie Stella être disciple de Jésus passe aussi par cela. À 18 ans, quand elle recevra son premier salaire en tant qu’enseignante, elle le remettra directement à sa supérieure.
Les aspects de la vie religieuse avec les Filles de Marie qui l’ont marqué ont évolué entre ses jeunes années à Madagascar et aujourd’hui. Il lui tient à cœur deux choses, la première partagée par sœur Marie Léonie à Diego-Suarez : « Dans la vie religieuse, l’objectif est de faire le bien à toutes les personnes partout où tu vas ». La seconde ayant trait à la femme exceptionnelle qu’a été Mère Marie Madeleine de la Croix, « qui a osé affronter le fléau des inégalités raciales de son époque et qui avait pour objectif de dire au monde l’excessive charité du Christ ».
Une femme comblée
Sœur Marie Stella arrive à La Réunion en 2013 à l’âge de 19 ans. Depuis, elle est retournée une seule fois à Madagascar. « Je suis épanouie là où je suis. Quand on a tout quitté pour suivre Dieu, on est comblé autrement », assure-t-elle. Elle reconnaît la chance d’avoir des parents qui l’ont laissé libre de son choix, et se dit : « Quand on a reçu l’amour du père comme moi je l’ai reçu du mien, on ne ressent pas le besoin de chercher plus ».
Cela n’empêche pas les souffrances et les difficultés d’être présentes dans sa vie. « La vie n’est pas facile, il faut être prête à affronter beaucoup de choses, pour ma part, cela a été des jalousies très fortes par exemple, mais je sais que Dieu est là, qu’il m’aide. Pour tenir bon dans l’adversité mon seul repère, c’est le Christ », témoigne la religieuse. Dans ces moments, elle entend le Seigneur lui dire : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix et qu’il me suivre » (Luc 9,23). Comme Marie désolée au pied de la croix où meurt son fils, elle confie ses souffrances à Dieu, certaine « qu’armée de la foi et d’une relation solide avec Dieu, tout peut se surmonter ».
La parole biblique que sœur Marie Stella porte dans son cœur pour bien vivre sa vocation se trouve dans l’évangile de Jean (15,5) : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire ». Comment se sent-elle à quelques jours de prononcer son « oui » définitif avec les Filles de Marie ? « Confiante, car je demeure en Dieu ». Elle vous demande de prier pour elle afin de l’aider à grandir dans son charisme au service des plus pauvres, dans l’obéissance à Dieu et à sa volonté. « Je ne manque de rien pour vivre pleinement mon passage ici-bas ».
E. T., Diocèse de La Réunion