« Un rendez-vous avec moi-même, avec vous-même, avec soi-même... une expérience spirituelle sur un mode littéraire et poétique » : c’est en ces mots que Mgr Gilbert Aubry a présenté cet après-midi son nouveau livre, Lumière sur Rivière Noire [1], à une cinquantaine d’amis et de proches. Une assemblée joliment diverse, dans laquelle se côtoyaient prêtres et laïcs, catholiques et représentants du Conseil régional du culte musulman de La Réunion, membres du Groupe de dialogue interreligieux et personnalités culturelles.
En prélude à cette présentation, ou plutôt à cet « échange » dédié à ses parents, Mgr Aubry a lu un poème plus ancien, extrait de Rivages d’Alizés : « Dis maman ». Parce que « dans les difficultés, c’est votre conscience d’enfant qui remonte », a-t-il expliqué.
Et la présentation s’est poursuivie, à l’image de l’assemblée : éclectique. Mgr Gilbert Aubry a d’abord évoqué, mais sans le lire, le premier texte de l’ouvrage, qui en donne d’ailleurs la clef : « Le chien dans la fosse aux ordures ». Un titre brutal, presque choquant pour le récit d’un incident réel auquel il s’est trouvé mêlé lors des quelques semaines de vacances prises début 2010, après des mois physiquement et psychiquement épuisants. Cet incident a pris pour lui une signification très particulière et, dit-il, « le chien devient le déclic de l’écriture, l’instinct de vie reprend le dessus ».
De nombreux extraits de Lumière sur Rivière Noire ont ensuite été dits, entrecoupés d’œuvres interprétées au piano par frère Arnaud Blunat. Après ces textes denses, compacts, qu’on ne saurait épuiser en une seule lecture, le poème « Mon bel oiseau », mis en musique par le père Jean-Marie Vincent et chanté par le père Christian Chassagne, s’est envolé comme un soupir heureux.
L’évêque a alors conclu, parcourant les dernières pages du recueil :
« Deviens la paix... ne la cherche pasDans la fin des conflits extérieurs à toi-même !(...)Et nous verrons de nos yeux le cosmos réconciliéS’embraser jusque dans les feuilles des arbres flamboyantAu soleil couchant, au soleil levant... je ne saisMais l’heure de Dieu venant sur les nuées du cielDe grands oiseaux blancs soulèvent nos îles mascarinesDans le sillage de leur envol au-dessus de l’océanEt la rosée marine suspendue au brin d’herbeCristallise l’éternité à l’horloge silencieuse de mon cœur. »
(photos : Sonia Delecourt)