COMMUNIQUÉ
La Réunion est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO avec ses « Pitons, cirques et remparts ». La notoriété vient de l’extérieur, une reconnaissance de notre cadre de vie comme un trésor unique au monde. Mais la reconnaissance n’a pu se faire que parce que des hommes, ici, ont été amoureux de leur île, la portant dans leur cœur et dans leur chair, cherchant à en avoir une connaissance profonde en articulant l’intuition de la beauté avec diverses approches scientifiques s’épaulant les unes les autres.
La nature brute est inhumaine sans le regard humain qui y décèle l’appel de la transcendance avec la possibilité d’un message universel qui va rapprocher les peuples aux cultures différents mais si proches par leurs aspirations fondamentales. Ce qui veut dire aussi que cette reconnaissance au patrimoine mondial de l’UNESCO n’aurait pas été possible sans la « biodiversité humaine » portée par l’île et… porteuse de l’île. Il nous faut remercier des pionniers qui ont cru en La Réunion du point de vue de la qualité de sa nature, de notre « environnement naturel ». Pour la période récente, je pense notamment à Emile Hugot, Charles Armand Barau, Hary Gruchet, Thérésien Cadet, René Robert, Roger Lavergne, Philippe Berne, Christian Guillermet, les générations Picard guides du volcan, toutes les équipes qui ont travaillé sur les dossiers du Parc National nouvelle génération et sur « Pitons, cirques et remparts »… sans oublier Daniel Gonthier qui a porté l’entreprise jusqu’au bout !
Cette reconnaissance au patrimoine mondial nous place devant une double obligation : préserver et embellir notre environnement naturel, réussir notre « biodiversité humaine » réunionnaise en l’enracinant localement dans son cadre de vie, en lui permettant de se donner les moyens de vivre au quotidien ici, en étant ouverts sur l’Océan Indien et une mondialisation à humaniser. Vaste défi qui nous oblige à sortir de nos peurs, de nos formatages routiniers. Il nous faut le courage de la créativité.
Gardons-nous bien du chauvinisme. Mais dans une certaine fierté de cette reconnaissance au patrimoine mondial, laissons notre île chanter en nous :
Vitrail tropical [1]Feuilles d’automne et neige d’hiverNe tournent point la tête à nos montagnesMais la verte saison des pluiesEt la pluie vierge du ciel bleuEnfantent la chair et le sang de notre terreDans le soleil éclaté d’un vitrail tropicalAu sablier des tableaux sans retour.Liane-aurore et liane d’argentMêlent leurs fils à la trame des saisonsQui se roulent dans le sucre et le rhumMeurtries de volcans de cyclones et de sel.Entre les palmes et les larmes humainesMiroitent des océans d’arums et d’orchidéesSous les embruns enivrants d’une aube nouvelle.Pierrailles de midi, falaises marinesProvence et Bretagne, houle indienneOù se balancent des jonques chinoises :Le monde entier navigue dans nos corps !Et les races froissées sur les plages du tempsConjuguent l’amour aux branches de chêne fouComme les poissons-fleurs des balisiers.Hurle le vent, danse la grève !Symphonie des cascades, musique végétaleÉclaboussent d’étoiles d’algues et de lunesLes visages où perle la sève des forêts.Dans le livre secret des sentiers et des ravinesSe nichent des trésors qui embrasent la vieComme le parfum nocturne d’un tiède jasmin.Tuituits et titoulits, bengalis et moutardiersMoineaux gris, zoiseaux bleus, zoiseaux rougesSifflent la farandole dans les roseaux.Leur chant gonfle les voiles du silenceSur la mâture écorchée de nos longs vaisseaux :Le pouls de notre île palpite au cœur du mondeJusqu’aux rivages de l’éternité !
Saint-Denis, le 2 août 2010
Monseigneur Gilbert Aubry