Chrétiens d’Irak… « C’est notre pays ! »
Article mis en ligne le 8 août 2014

par Mgr Gilbert Aubry

Jeudi 7 août, le pape François exprimait ses vives inquiétudes pour le peuple irakien et la population chrétienne irakienne contraints à l’exil et subissant exactions et persécutions. Il en appelait à la communauté internationale afin qu’elle « qu’elle agisse pour protéger les personnes concernées ou menacées par les violences, et pour fournir les aides nécessaires, surtout les plus urgentes, à tant de réfugiés dont le sort dépend de la solidarité des autres ». Le pape François insistait également auprès de tous les chrétiens : « Dieu de la paix suscite en tous un authentique désir de dialogue et de réconciliation. La violence ne peut être vaincue par la violence. La violence ne peut être vaincue que par la paix ! Prions en silence, pour demander la paix ; tous en silence... Marie, Reine de la paix, priez pour nous ! » (Angélus du 20 juillet 2014).

En écho à cette intervention du pape, Mgr Aubry publie aujourd’hui un communiqué dans lequel il rappelle les propos de Mgr Jacques Pontier, président de la Conférence des évêques de France, qui invite l’ONU à agir « avant qu’il ne soit trop tard » et exprime la solidarité de l’Église de La Réunion avec les chrétiens d’Irak et tout le peuple irakien.

« Déjà dramatique, la situation des chrétiens d’Irak s’aggrave d’heure en heure. » Dans un communiqué daté du jeudi 7 août, Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille, président de la Conférence des évêques de France, lance un appel au secours pour le peuple irakien avec ses diverses composantes. Saluant les récentes prises de parole des dirigeants de la France, il demande des engagements à concrétiser : « C’est au niveau des Nations Unies que doit au plus vite s’organiser la plus ferme et la plus rapide des réactions, avant qu’il ne soit trop tard ».

Cette prise de position ne met pas à part les chrétiens et les autres Irakiens. Le Patriarche chaldéen Louis-Raphaël Sako (Irak) avait déjà relevé le dilemme profond dans le cœur de beaucoup de chrétiens : partir ou rester ? Il leur avait dit « Vous êtes libres, mais c’est notre pays ». À Mossoul et dans l’ensemble de l’Irak se trouvent les chrétientés parmi les plus vieilles du monde. La langue du temps de Jésus, l’araméen, témoigne encore de cette ancienneté.

Une délégation de la Conférence des évêques de France, composée du cardinal Barbarin (Lyon), de Mgr Dubost (Evry) et de Mgr Gollnisch (Directeur général de l’Œuvre d’Orient) s’est rendue en Irak. Elle a rendu public le 1er août le compte-rendu de son séjour. Je retiens les paroles de :

- Mgr Barbarin : « Ce qui me touche, ce que je garde de ce voyage, ce sont deux remarques : une du patriarche : « De jour en jour, grâce à votre venue, on voyait leur espérance grandir » ; et une de Mgr Youssef Thomas, « Avant nous étions sans voix, maintenant, enfin, nous avons une voix. »

- Mgr Dubost : « Ce qui m’a beaucoup frappé c’est de trouver des gens qui ont tout perdu en raison de leur foi : ils demandent justice, mais sans haine ni appel à la vengeance. L’immense solidarité du peuple irakien m’a aussi frappé : paroisses, écoles, salles communes, maisons, toutes les portes se sont ouvertes pour les déplacés. »

- Mgr Gollnisch : « Moi ce qui me frappe, ce sont des gens qui ont accepté de tout perdre en raison de leur foi. Nous n’avons reçu aucun témoignage d’apostasie, pas même une rumeur. On sent aussi que beaucoup de musulmans sont choqués par ce qui se passe à Mossoul. L’un d’eux l’a même payé de sa vie, le Pr. Mahmoud Al-Asali. »

Il y a une dizaine de jours, Mgr Gollnisch déclarait : « Contrairement aux rumeurs qui ont pu circuler, les chrétiens n’ont pas été tués ». Des députés chiites, sunnites irakiens disaient : « Vous devez rester, nous avons besoin des chrétiens pour reconstruire notre pays. » Mais aujourd’hui ce n’est plus seulement de pressions que l’on doit parler mais de persécutions organisées, de violences pour essayer d’obtenir des apostasies, d’exactions, de destructions. L’exode forcé. Mgr Gollnisch avait déjà dit : « Il n’y a aucun État islamique à Mossoul, il y a un État islamique autoproclamé. Ce sont des bandes qui se proclament propriétaires de Mossoul, ce sont des occupants sans titres, illégitimes. Il est hors de question de les reconnaître ni de sembler accréditer la thèse selon laquelle ils sont chez eux. » Depuis, la contagion s’élargit.

Quand la barbarie se déchaîne avec le fanatisme, les humains profondément croyant s’appuient avant tout sur la force de la prière. Les chrétiens, dans la lumière de la Résurrection du Christ, croient en la puissance de la souffrance offerte pour que la vie humaine non seulement ne soit pas un enfer mais construise une fraternité possible dans le temps. Mais le temps presse, surtout pour tous ceux qui ont tout perdu et qui risquent même pour leur vie sur les chemins de l’exode, espérant un accueil ailleurs. Plusieurs fois le Patriarche Sako a confié à la délégation de la Conférence des évêques de France qu’il faut combattre le péché de désespoir. Il appelle les chrétiens d’Irak à fonder leur espérance dans la foi. Il a dit en plusieurs circonstances : « Jonas est sorti du ventre de la baleine. Mossoul, l’antique Ninive, sortira aussi de ces ténèbres ».

Dans toutes les églises de La Réunion ce week-end, samedi et dimanche, nous prierons plus spécialement pour les chrétiens d’Irak et pour tout le peuple irakien. Nous sommes à l’écoute des événements pour de possibles actions à partir de La Réunion.


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