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Annoncer Jésus en prison, grâces et défi
Article mis en ligne le 11 octobre 2021

par Fr. Manuel Rivero o.p.,. Aumônier de la prison de Domenjod

Lors de leur arrivée en détention, Jésus vivant, ressuscité, les a déjà précédés. Privés de liberté, mis en cellule malgré eux, les détenus ne sont pas seuls. Celui qui a déclaré aux apôtres « et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20) se tient là, invisible mais bien présent.

Nombreux sont les témoignages sur cette présence du Christ Jésus en prison, lui qui a passé une nuit « en garde à vue » dans la maison du grand-prêtre, Caïphe ( cf. Jn 18,24), la veille de son exécution sur la croix.

 Grâce de la miséricorde

Accusé, sous surveillance, le détenu découvre la compassion de Jésus qui a subi lui-même la Passion sur le chemin du Calvaire. Le bon larron n’a pas reçu des promesses pour des lendemains : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23,43). Dans l’angoisse, le détenu est introduit par sa foi, si intéressée soit-elle, dans le Paradis d’où avait été chassée la première humanité en raison de son manque de foi. C’est l’aujourd’hui de Dieu. Dieu habite à l’intérieur des murs des prisons comme là-haut dans le Ciel. Jésus pose son regard d’amour sur les prisonniers arrachés à la liberté et liés souvent par des chaînes des passions mortifères qui les gardent enchaînés à l’intérieur de leur être.

Miséricorde, « miseria-cordis », avoir un cœur sensible au malheur des autres. Les entrailles de Jésus frémissent en voyant la détresse des détenus. Il ne reste pas passif. Par son amour plus fort que les puissances du mal, Jésus libère le cœur du détenu croyant qui se tourne avec foi vers lui.

 Grâce du pardon

Le bon larron, en se débattant dans les tourments de la crucifixion, n’a pas présenté à Jésus sa liste de péchés. Il n’a pas récité non plus son acte de contrition sans se tromper. Un cri a remplacé son aveu de pécheur. Un cri a obtenu sa libération et plus que cela sa béatitude éternelle. Les portes du Ciel se sont ouvertes en réponse à sa prière de demande : « Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton Royaume » (Lc 23,42).

 Grâce d’une vie nouvelle

« Je suis devenu un homme nouveau, une nouvelle création », me disait un jour un détenu qui parcourait les couloirs de la prison depuis plusieurs années.

La nouvelle naissance demeure possible. « Ici, ce n’est pas la fin ; ici, tout commence », déclarait un surveillant à un homme abattu dans l’enfer de l’enfer-mement.

Avec Dieu, le meilleur se trouve devant, sur le chemin de la foi.

 Grâce des sacrements

Les sacrements du baptême, de l’eucharistie et de la confirmation font rayonner de joie ceux et celles qui deviennent chrétiens en prison. « La prison, un mal pour un bien », disent certains détenus. Ce qui fait penser à l’expérience de saint Augustin qui s’exclamait en pensant au péché des origines de l’humanité : « Heureuse faute qui nous valut un tel Sauveur ! ». Il enseignait aussi avec saint Paul que « tout concourt au bien de ceux qui cherchent Dieu » (Rm 8,28), « même le péché ». Oui, le péché peut devenir un tremplin pour se jeter dans les bras de Jésus, Sauveur.

 Grâces pour ceux qui annoncent Jésus

Il s’agit d’une loi de la vie humaine et chrétienne : « C’est en donnant que l’on reçoit » ; c’est en enseignant que l’on apprend ; c’est en annonçant l’Évangile, que prêtres, religieux et laïcs, grandissent dans leur foi en recevant la grâce de l’intelligence de la foi et en contemplant les merveilles que Dieu accomplit dans les cœurs des détenus.

Les prisonniers sont plus grands que leurs fautes. Porteurs de richesses humaines et capables de recevoir Dieu dans leur âme, ils annoncent le Salut de Dieu. Ils peuvent manifester foi et humilité dans l’échec et la honte, loin des esprits pharisiens contents d’eux-mêmes, voire méprisants envers les faibles et les pêcheurs (cf Lc 18, 9s).

 Grâce et défi pour la prédication du mystère pascal

Est-il possible d’annoncer la joie pascale à ceux qui gisent dans les privations de liberté et des plaisirs habituels de l’existence humaine ? Est-il honnête et sérieux de prêcher le bonheur de croire, de prier et d’aimer Dieu à des détenus qui vont rester enfermés pendant de longues années tandis que les équipes de la pastorale catholique quittent sans encombre les murs de la prison pour retrouver le paysage des montagnes, le vent et le soleil ?

La prédication de la résurrection de Jésus appelle à la conversion non seulement les condamnés et les pécheurs publics mais aussi et avant eux, les prédicateurs eux-mêmes.

Ces prédicateurs reçoivent alors la grâce de la prédication multipliée par la rencontre avec les détenus, témoins de la miséricorde de Dieu et dont le visage peut annoncer la lumière du Ressuscité.

La grâce de l’intelligence du mystère pascal fait partie de grands cadeaux offerts par les détenus aux catéchistes qui se sont rendus en prison à leur service.

Ce passage des ténèbres de la mort à la lumière de la Gloire, ce passage de l’échec honteux au sourire de joie surnaturelle va accroître la puissance de la prédication des témoins du Christ Jésus.

La prison apparaît alors comme le creuset où se forgent les cœurs brûlants des prédicateurs, portés et poussés en avant dans leur foi, par le témoignage et la prière des détenus.


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