Film et spiritualité à Saint-Denis : « Jour de colère »
Article mis en ligne le 30 janvier 2012
dernière modification le 1er février 2012

par Geneviève Barbeau

Le Centre Saint-Ignace (31, rue Sainte-Anne à Saint-Denis) vous invite au visionnage du film : « Jour de colère » (« Dies irae »), dimanche 18 mars 2012, de 17h30 à 19h30, à la salle Jean de Puybaudet.

Film de Carl Dreyer, (Vredens dag), Danemark, 1943, avec Lisbeth Movin, Thorkild Roose, Preben Lerdoff Rye, Siegried Neiiendam. Grand Prix du Festival de Venise 1943.

Au début du 17e siècle, dans une petite ville danoise, Absalon, le pasteur local quinquagénaire, épouse une toute jeune fille, Anne, dont la mère fut naguère accusée de sorcellerie. Le fils du pasteur, fruit d’un premier mariage, s’éprend de sa très jeune belle-mère, laquelle répond à cet amour et finit par l’avouer à son époux…

Jour de colère est l’un des chefs-d’œuvre de Carl Theodor Dreyer, le grand réalisateur danois. Il met en scène l’affrontement tragique entre une jeune femme amoureuse, mue par sa passion, et une société patriarcale enfermée dans ses préceptes, incapable de s’affranchir de ses contradictions. C’est un classique du cinéma et un exercice de style superbe. La plastique des cadrages, la beauté des images en clair-obscur, l’expressivité des visages, la lenteur cérémonieuse du tempo : tout concourt à envoûter le spectateur. La psychologie traditionnelle (amour, jalousie, mensonge, trahison...) est sublimée. Les passions deviennent états d’âme. Un mélange de rigueur et de beauté confère aux images une subtilité, une force, un mystère, un charme et un vertige qui relèvent de la spiritualité. Cette qualité, cette sensation de transparence sont très rares au cinéma. Le film est baigné d’une lumière qui nourrit le cœur et qui révèle, en creux, l’amour.

Dans le tragique et la violence d’une société chrétienne écrasée par la peur, les convenances et l’hypocrisie, Dreyer montre la fragilité et l’ambiguïté des êtres épris d’amour et de liberté. Il fait apparaître, lentement, que le péché gît en chacun comme une bête féroce prête à dévorer. Dans cette tension révoltante, la promesse du pardon vient de l’écriture souple, fluide, liturgique. La paix n’est pas dans une fin heureuse. Le mensonge et la lâcheté vont jusqu’au bout. Mais la lumière de la Croix - dernière image du film – et le repos du cœur sont dans le regard sans complaisance qui fait la vérité. Dreyer invite à ne pas condamner, ce serait reproduire le mécanisme dénoncé, pour accueillir la grâce qui apaise au Jour de colère. Et surtout espérer la juste tendresse divine, chantée par les enfants.

Un film d’une très grande beauté, célèbre pour son intimité avec l’œuvre de Rembrandt. Une splendide méditation filmée pour accompagner le temps du Carême.


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