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Visite ad limina : « Notre pèlerinage d’évêques à Rome »
Article mis en ligne le 7 décembre 2018
dernière modification le 13 décembre 2018

par Françoise Adam de Villiers (interview)

La dernière semaine de novembre, Mgr Gilbert Aubry et les autres évêques de la Cédoi étaient à Rome en visite ad limina. Ils ont aussi rencontré le pape François. Échos de cette visite d’évêques à l’évêque de Rome.

Fin novembre-début décembre, vous étiez à Rome avec les autres évêques de la Cédoi pour la visite ad limina, que chaque évêque rend périodiquement au Saint-Siège. Vous avez d’abord rencontré les responsables des dicastères. Lesquels ?

Le pape François a fixé la périodicité des visites ad limina à huit ans. Avec la maladie de Jean-Paul II à la fin de son pontificat et avec le pontificat relativement court de Benoît XVI, cela fait quatorze ans que les évêques de la Cédoi n’étaient pas allés en visite ad limina. Nous avons été reçus par dix dicastères ou congrégations ou conseils. Nous avons été tous reçus ensemble, en groupe. Chaque fois dans un climat fraternel et chaleureux.

Quelles questions ont été abordées ?

Les thèmes abordés correspondaient selon nos rencontres aux préoccupations de l’organisme visité : Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, Conseil pontifical de la culture, Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, Dicastère pour le service du développement humain intégral, Congrégation pour la doctrine de la foi, Congrégation pour l’évangélisation des peuples, Académie pontificale pour la vie, Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation. Notre pèlerinage d’évêques à Rome a contribué à faire connaître la vie de nos Églises respectives et à nous enrichir du souffle de l’Eglise universelle.

Vous avez pu échanger, non seulement avec le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, mais aussi avec Mgr Paul Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États. Avez-vous évoqué l’Indianocéanie et le rôle de l’Église dans les relations entre les pays qui la composent, notamment pour ce qui concerne les questions environnementales, ou encore la mise en œuvre de la résolution 2832 de l’ONU « Océan Indien, zone de paix » ?

Effectivement. Concernant le dialogue interreligieux, le Conseil pontifical a été très intéressé par les expériences vécues à La Réunion, à l’île Maurice et aux Seychelles. En effet, ces îles ont des groupes interreligieux et ont déjà, tour à tour, organisé le symposium interreligieux de l’Indianocéanie. Monseigneur Charles Mahuza Yava, évêque de l’archipel géographique des Comores et de Mayotte, a rapporté le témoignage d’une Église extrêmement minoritaire sur un territoire marqué par un Islam sui generis, marqué aussi par un phénomène migratoire vers Mayotte et La Réunion.

Dans la rencontre avec Son Eminence le cardinal Gallagher, responsable du Saint-Siège avec les États, le cardinal Maurice Piat a souligné la souveraineté de l’île Maurice sur les Chagos et particulièrement sur Diego Garcia devenue base militaire américaine en océan Indien. La paix dans cet océan est « surveillée » par les grandes puissances qui se surveillent les unes les autres. L’action diplomatique du Saint-Siège est importante pour la construction de la paix, en océan Indien et partout dans le monde.

Avec les autres évêques, vous avez aussi rencontré le pape François. Correspond-il à l’image que vous vous en faisiez ?

Notre journée du jeudi 29 novembre a été celle d’une rencontre privilégiée de notre Groupe avec le pape François. C’est une rencontre dans un nouveau style, hors protocole ! Il a fait mettre les fauteuils en cercle et a tenu à dire dès le point de départ que l’on peut tout se dire, « même les critiques ». C’était l’évêque de Rome qui recevait chez lui ses frères évêques de l’Indianocéanie. J’ai senti existentiellement dans nos échanges une « marche synodale » où l’Église ne peut être Église qu’en étant une « Église d’Églises », une Église confirmée par le successeur de Pierre.

Quelles questions avez-vous évoquées ensemble ?

Tout d’abord la place des jeunes et l’importance de transmettre la foi dans des contextes nouveaux pour que germent de nouvelles vocations dans une Église toujours en sortie, en mission. Il a insisté sur l’importance de développer une « pastorale vocationnelle » pour une « culture vocationnelle ». L’Exhortation apostolique qui devrait être publiée à la fin du premier trimestre, en mars 2019, reprendra les propositions des pères synodaux. La formation des prêtres et leur accompagnement est pour lui une préoccupation majeure. Il nous a redit son attachement au célibat tout en mentionnant le vécu des Orientaux qui se situe dans une autre tradition.

Le pape François a souligné le drame des déséquilibres mondiaux et les questions cruciales des phénomènes migratoires. Le respect de la vie s’inscrit pour lui dans une « écologie intégrale ». Selon nos discussions avec le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie , un document est en préparation qui montrera l’urgence non seulement de respecter, de ne pas détruire « la maison commune » qu’est notre planète mais de la faire habiter par une « famille humaine ». Une planète pour une humanité humaine et non pas pour une humanité robotisée à l’extrême et sans âme.

Le pape François a convoqué tous les responsables des conférences épiscopales à Rome du 24 au 29 février 2019 pour une réunion sur « la protection des mineurs ». Le président de la Cédoi y sera-t-il ?

Oui, avec la grâce de Dieu.

Finalement, le moment fort de cette visite ad limina, l’image ou la phrase qui demeure pour vous et que vous aimeriez partager avec tous les diocésains ?

Il y a les dernières paroles du pape François à la fin de notre rencontre : « Avanti ! Avanti ! » Avance, avance, tiens bon « et même si tu te trompes, Dieu te pardonnera ! » Comme moments forts, il y a la messe que nous avons célébrée au tombeau de l’apôtre Pierre à la basilique Saint-Pierre et celle que nous avons célébrée au tombeau de l’apôtre saint Paul. Comme évêques, nous étions là à la source de la Tradition des apôtres pour nous-mêmes et pour nos Églises de l’Indianocéanie.


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