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Retour sur un incident
Article mis en ligne le 5 mai 2015
dernière modification le 28 février 2017

par Père Stéphane Nicaise, sj

Au cours du 2e Congrès dravidien tenu à l’Espace Omega de Cambaie, le dimanche 26 avril 2005, deux journalistes ont échangé avec Daniel Singaïny, à l’extérieur des prises de parole officielles et publiques. Le journal de l’un d’eux a largement fait écho à ce qui s’est dit à ce moment-là, loin des micros et des caméras, ne consacrant alors que quelques lignes aux interventions à la tribune. Mon premier regret à l’égard de ce journal est donc l’absence de retour sur le Congrès lui-même, sur la composition du public, sur la convivialité et la fraternité autour du repas et des stands, tout au long de la journée. Mon deuxième regret, plus essentiel, est de voir radicalisés les propos tenus aux deux journalistes par Daniel Singaïny, ce qui amène le journal à le stigmatiser.

Oui, entendu au premier degré, le thème racial utilisé par Daniel Singaïny est choquant et dangereux dans notre actualité marquée par les attentats de janvier à Paris, et par toutes les exactions commises à travers le monde au nom d’une appartenance communautaire. Mais les paroles de Daniel Singaïny s’enracinent dans plus de cinquante ans de combat politique, culturel et cultuel pour, justement, défendre le modèle réunionnais de métissage et de vivre ensemble dans une saine acceptation et un partage des différences. Les paroles de Daniel Singaïny sur le thème racial sont un cri de douleur et de résistance pour ne pas laisser détruire ce que les Réunionnais ont construit au prix de leur souffrance et de leur solidarité.

De ce point de vue, est-il normal d’entendre en fin de matinée, à la tribune officielle, le consul de l’Inde s’adresser « aux Tamouls de La Réunion » pour leur confirmer les intentions du gouvernement indien à leur égard ? Ce discours d’indianisation de Réunionnais est-il conforme aux lois de la République française ? Le consul de l’Inde avait pourtant entendu un intervenant qui a parlé avant lui dire par trois fois : « Nous ne sommes pas des Indiens ici à La Réunion, nous sommes des Réunionnais, nou lé dan nout’ pays natal ! » Et je me permets de renvoyer les lecteurs souhaitant approfondir ce sujet au dossier sur le vivre ensemble du numéro de mai du mensuel Église à La Réunion.

Évitons donc toute polémique et tout jugement des personnes pour considérer le défi que nous avons à relever : arriver à se dire les uns aux autres ce que nous avons la volonté de faire ensemble. Ce défi doit nous pousser à prendre le temps de la réflexion, de l’échange et du dialogue. Sinon oui, par passivité collective, nous cautionnerons l’affirmation de la tendance au communautarisme qui se fait jour dans notre société réunionnaise. C’est de notre responsabilité commune de tout faire pour ne pas favoriser cette tendance.


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