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Le pape et le peuple, l’audace et la sagesse
Article mis en ligne le 14 mars 2013

par La Rédaction d’Église à La Réunion

Anita Bourdin, journaliste de l’agence Zénit à Rome, commente l’élection du pape François. Regard d’une femme de foi.

On ne peut qu’admirer l’audace et la sagesse d’un collège d’électeurs qui ont choisi un pape du Sud du monde – que tant espéraient – mais plein d’expérience, avec la solidité d’un grand jésuite et la prudence d’un pasteur rompu au « bon combat de la foi », selon les termes de saint Paul. On ne peut que s’émerveiller de l’audace et de la sagesse du Peuple de Dieu qui, en quelque sorte, a eu l’intuition que la fumée blanche, c’était « pour ce soir ».

Les cardinaux n’ont pas ajouté à l’audace du « Sud » l’audace de la jeunesse, c’eût été imprudent de faire le double saut à la fois. Mais voilà l’audace : premier pape du « Sud », premier pape « américain », premier pape jésuite, le premier à choisir le nom de François.

Le pape François apparaît à la fois comme un pape de rupture avec la tradition européenne, et d’enracinement européen : il a étudié en Allemagne, par exemple. Et c’est un clin d’œil de la Providence qu’il succède au pape bavarois. Certains cardinaux avaient déjà pensé à lui en 2005, avant de se rallier – son invitation ? – au nom de Joseph Ratzinger, à qui est revenue l’énorme tâche de succéder à un colosse.

Le pape Benoît XVI lui confie une Église purifiée : elle est passée par un pontificat « fondateur » parce pontificat de purification. Elle apparaît aujourd’hui bien plus prête qu’en 2005 à affronter les défis de l’injustice du monde, de la corruption, de la culture de mort, de la traite des êtres humains, de la paix, de l’appel des jeunes, de la sécularisation et de l’évangélisation dite « nouvelle ». Et une Église revenue à plus d’intériorité, cela aussi est fondateur. Tout en étant déjà lancée dans la Nouvelle évangélisation.

Et il semble bien que ce soit en pensant aux jeunes que Benoît XVI s’est retiré : il n’avait plus la force d’aller à leur rencontre à Rio, mais il était impossible que le pape ne soit pas au rendez-vous des jeunes pour la JMJ de juillet prochain. Il fallait donc qu’un autre pape y aille. Ce sera le pape François. De même que le pape Benoît avait assume la rencontre avec les jeunes prévue à Cologne par Jean-Paul II en août 2005.

Le nouveau pape a d’emblée indiqué ses grandes priorités - son diocèse de Rome et le monde - : « Prions pour le monde entier afin qu’advienne une grande fraternité. » Deux priorités : la prière, et la fraternité. Et la dimension universelle du ministère pétrinien.

Les premières décisions du premier pape jésuite aussi sont significatives : un nom jamais choisi par les papes. Il y a deux saint François jésuites (François Xavier et François Borgia), un saint François français et saint patron des journalistes (François de Sales), et le grand saint François d’Assise, ami de la Création, auquel tout le monde pense lorsque l’on prononce ce nom. On attend avec impatience que le pape lui-même explique le sens de son choix.

Lorsque le goéland s’est posé, longuement, sur la cheminée de la Sixtine, en fin d’après-midi, sous les caméras du monde entier, il semblait comme indiquer que le prochain pape serait proche de la nature comme saint François. Et qu’il fallait continuer à guetter la fumée.

Autres décisions : son emploi du temps. Pèlerinage – privé - à la Vierge Marie. Rencontre avec les électeurs, avec le collège dans son entier, avec les media – dont la mobilisation a été remarquable depuis le 11 février -, angélus, messe d’inauguration le jour de la saint Joseph, rencontre avec les autres confessions chrétiennes, qui rappelle la priorité de l’unité des chrétiens dont Benoit XVI avait fait l’une des priorités de son pontificat.

Une autre indication allait s’imposer peu à peu : le Peuple de Dieu – qui a reçu l’Esprit Saint au baptême et à la confirmation -, était là dès 17 h 30, espérant une élection au premier tour de l’après-midi comme en 2005. Son instinct très sûr l’a fait rester sans se décourager, sous la pluie et les parapluies, jusqu’à la fumée blanche de 19 h 06. C’était impressionnant, cet instinct très sûr de l’Église, « vivante », selon l’expression de Benoît XVI, qui ne cessait de grossir les rangs, sur la place et sous la colonnade.

Mais également impressionnant le silence que firent des dizaines de milliers de personnes de toutes les nations venues fêter leur nouveau pape lorsqu’il leur a demandé de prier en silence pour que Dieu le bénisse, soulignant cette circularité entre le pape et le peuple. Un accent tout à fait significatif de l’ecclésiologie de Vatican II.

(14 mars 2013) © Innovative Media Inc.


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