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La mort, néant ou expérience de Dieu ?

Parler de la mort ne va pas sans sentiment de gêne. Que peut-on dire qui soit audible ? Même des croyants en l’au-delà craignent de sortir du « politiquement correct » qui consiste à ne pas dire grand-chose et à rester dans le flou.

Article mis en ligne le 2 novembre 2021

par Fr Manuel Rivero o.p.

Non sans une certaine angoisse, des enfants posent des questions sur la mort : où est pépé ?

Tout mortel se pose aussi la question de l’au-delà : « Que restera-t-il de moi après la mort ?

La Bible enseigne que Dieu n’a pas créé la mort. Elle est l’ennemi de l’homme que le Messie a vaincu dans la résurrection.

La foi chrétienne repose sur la mort et sur la résurrection de Jésus le Messie. Là où l’homme contemporain façonné par l’athéisme des maîtres du soupçon, Marx, Nietzsche et Freud, voit une dégringolade finale dans le néant, le chrétien voit dans la lumière de la foi une participation à la vie même de Jésus.

 La mort comme connaissance

Au sujet de la mort, saint Paul parle de manière précise. Il s’agit d’une connaissance du Christ Jésus : « Le connaître, lui, avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, lui devenir conforme dans sa mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d’entre les morts. » (Épître aux Philippiens 3,10s). C’est-à-dire, la mort fait ressembler à Jésus dans l’acte du don absolu où l’homme remet le souffle vital reçu de Dieu. Le mot « conforme » exprime cette union de ressemblance à Jésus dans sa Passion et dans sa mort. L’homme est « formé » avec le Christ dans sa mort afin de lui ressembler. Connaissance par connaturalité. Jésus a pris notre nature humaine en toute chose sauf le péché.

Dans le livre de la Genèse, Dieu crée l’homme à son image et à sa ressemblance. Dans le mystère pascal, Jésus recrée l’homme à son image et ressemblance. Dans la mort, l’homme ressemble à Jésus qui meurt. Il le connaît par expérience dans l’acte suprême de la mort. En partageant la mort, le disciple de Jésus rejoint l’expérience de Jésus le Vendredi saint. Sur le sommet du Calvaire, le mystère de la Rédemption atteint son sommet dans l’acte de confiance absolue et d’amour total de Jésus envers son Père et pour le salut des hommes : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ».

 La mort, acte absolu de foi et d’amour

Les paroles de la consécration à la messe mettent en lumière le sens de la mort de Jésus. Amour à mort. Amour plus fort que la mort. En Jésus, l’art d’aimer et l’art de mourir ne font qu’un. Aimer, c’est mourir à l’ego possessif et dominateur. Jésus se donne dans sa mort de manière parfaite : « Voici mon corps livré pour vous ; voici mon sang versé pour vous ». Les paroles qui rappellent la mort de Jésus renvoient aussi au mariage où les époux se donnent l’un à l’autre dans l’amour. C’est ainsi que la mort de Jésus accomplit « une alliance nouvelle et éternelle ».

À la suite de Jésus, le chrétien demande la grâce d’affronter la mort comme un acte absolu de foi et d’amour qui le rend parfait dans l’union à son Maître.

Si la mort ressemble à une chute, elle devient sommet. La Bible avertit l’homme de ne pas juger la valeur d’une existence avant la mort. Les saints en témoignent : « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie » (sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face).

 Jésus glorifié dans notre mort

Pour saint Paul, le Christ est même exalté dans la mort de l’homme : « Le Christ sera glorifié dans mon corps, soit que je vive soit que je meure » (Épître aux Philippiens 1,20). Jésus trouve sa gloire dans la vie de l’homme : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant » (Saint Irénée de Lyon).

Que répondre à l’enfant qui demande où sont ceux qui sont morts ? Dans l’azur ? Non ! Dans le Christ, oui ! « Si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. » (Épître de saint Paul aux Romains, 6,8) ; « Si nous avons été totalement unis, assimilés à sa mort, nous le serons aussi à sa résurrection. » (Rm 6,5).

 La mort, béatitude des pauvres

Dans la mort, le chrétien est appelé à faire sienne la première des béatitudes : « Heureux vous les pauvres, car le Royaume des cieux est à vous » (Lc 6,20). Dans la mort, expérience de pauvreté absolue, l’homme attend la manifestation de la miséricorde divine : « Aux yeux du Seigneur, la mort de ses saints a beaucoup de prix » (Ps 116,15) ; « Heureux dès à présent ceux qui sont morts dans le Seigneur ! » (Ap 14,13).

 La résurrection, unification de la personne humaine dans la gloire

La mort de Jésus donne sens à notre mort : « Ainsi, ayant voulu sauver tout l’homme, le Sauveur avait pris un corps, une âme et un esprit : ces trois éléments ont été séparés au moment de la Passion et, au moment de la Résurrection, ils ont été réunis. Dans la Passion, ils ont été séparés : comment ? Le corps dans la tombe, l’âme dans les enfers, et l’esprit, il l’a remis entre les mains du Père  ». (Origène, Colloque avec Héraclite, SC 57, Paris, 1960, p.68-70). Le Vendredi saint, Jésus est dans le tombeau, dans les enfers et dans les bras du Père. Sa résurrection unira sa dépouille mortelle, son âme humaine et son esprit divin dans l’union au Père qui donne la Vie, son Esprit Saint.

Nous avons tous rendez-vous avec le Vendredi saint. Jésus ressuscité donne rendez-vous à tous la nuit de Pâques : « Par sa mort, Jésus a vaincu la mort ; aux morts, il donne la vie », chantent les chrétiens dans la Veillée pascale.

Saint Augustin appelait le sacrement du baptême « salus », le « Salut », tandis qu’il désignait le sacrement de la messe comme « vita », la « Vie ».

Nous comprenons sans peine que le rituel des funérailles propose la célébration de la messe pour les fidèles. Source et sommet de la vie chrétienne, la messe unit dans l’Amour les morts au Seigneur Jésus, le Vivant, l’Église de la terre à celle du Ciel.

Au Ciel, il n’y aura pas de séparation ! 


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