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Homélie de Monseigneur Aubry pour la messe chrismale, « fête du sacerdoce »

La messe chrismale a été célébrée hier, mercredi 31 mars, en l’église du Saint-Esprit au Chaudron. Retrouvez ci-dessous le mot d’accueil et l’homélie prononcés par Monseigneur Gilbert Aubry

Article mis en ligne le 1er avril 2021

par Centre diocésain d’information

Chers frères prêtres,
Chers frères diacres,
Chers amis,

Nous voici réunis pour concélébrer la messe chrismale 2021. Certes, nous sommes masqués mais quelle joie – comme nous l’avons chanté – de nous laisser rassembler par Jésus lui-même pour être et devenir encore plus « un peuple de louange, un peuple de frères ». Souvenons-nous. L’année dernière nous étions en plein confinement pour cause de Covid-19. La messe chrismale a dû être reportée au 19 juin (fête du Sacré Cœur de Jésus) et la célébration du triduum pascal, nous l’avons célébrée en individuel ou en petit groupe symbolisant toute la communauté. Aussi, accueillons cette grâce de nous laisser bénir par le Seigneur et que lui-même fasse de nous « un peuple de louange, un peuple de frères » afin qu’il n’y ait pas de plus grand amour que de donner notre vie pour tous nos frères. Ensemble, demandons pardon pour nos péchés.

Homélie  : La fête du sacerdoce

« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » (cf. Lc 4, 16-21). Qui prononce ces paroles dans la synagogue de Nazareth il y a quelque 2000 ans ? Évidemment chacun de nous peut répondre : Jésus ! C’est Jésus de Nazareth. « Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche et ils disaient « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » (Lc 4, 22). Oui, mais qui est Jésus pour eux ? Quelqu’un dont la renommée se répand dans la région de Galilée et qui enseigne dans les synagogues. Auparavant Jésus va au désert où il est tenté par le diable dont il est vainqueur parce que rempli de l’Esprit-Saint. L’Esprit Saint qu’il reçoit à son baptême donné par Jean-Baptiste. Mais les gens de la synagogue qui admirent Jésus sont loin de connaître le mystère du salut apporté par lui. Ils ne connaissent pas non plus Jésus-Christ lui-même comme nous le connaissons.

Alors, qui prononce ces paroles « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » (Lc 4, 21) ? Oui, c’est Jésus de Nazareth que nous avons appris à connaître et à aimer dans la vie de l’église depuis plus de 2000 ans. Et nous proclamons dans le symbole de Nicée-Constantinople : « Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles. Il est Dieu, né de Dieu, lumière née de la Lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, engendré, non pas créé de même nature que le Père ; et par lui tout a été fait. » Voilà l’identité de Jésus. Et voici sa mission : « Pour nous les hommes et pour notre salut, il descendit du ciel ».

Jésus de Nazareth, Jésus-Christ annonce la Bonne Nouvelle aux pauvres (cf. Lc 4, 16-21). Il est lui-même la Bonne Nouvelle. Il est le Verbe fait chair (cf. Jn ch. 1) par qui le Père a tout créé, par qui il fait tout exister et sans qui rien ne pourrait exister. Il est le Verbe fait chair de la chair de la Vierge Marie. Quand Jésus enseigne dans la synagogue de Nazareth, c’est le Verbe créateur qui, dans la chair humaine, annonce et crée un monde nouveau. Ce monde nouveau sera engendré par l’annonce de la Bonne Nouvelle aux pauvres grâce aux apôtres qu’il va envoyer et soutenir jusqu’à la fin des temps. « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, baptisez les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mth 28, 18-20).

Jésus nous laisse en héritage le commandement de l’amour : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12). Et encore : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, de toute ta force et tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mc 12, 30-31). Jésus nous fait la promesse et le don de l’Esprit Saint à condition de vivre d’amour : « Si vous m’aimez, vous vous appliquerez à observer mes commandements ; moi je prierai le Père : il vous donnera un autre Paraclet qui restera avec vous pour toujours. C’est lui l’Esprit de Vérité, celui que le monde est incapable d’accueillir parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas. Vous, vous le connaissez car il demeure auprès de vous et il est en vous » (Jn 14, 15-17). L’amour est le nom exact du Saint Esprit. Il procède du Père et du Fils. Saint Thomas d’Aquin dira même qu’il est « l’amour subsistant » [1].

Aujourd’hui, une alliance vivante

Pour Dieu, le temps n’existe pas. « Un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour » (2 P. 3, 8). Aujourd’hui c’est l’aujourd’hui de Dieu. C’est le temps favorable où Dieu veut « renouveler la face de la terre » (cf. Ps 103) par la puissance de son Verbe Créateur, par les sacrements, par les relations fraternelles dans l’Eucharistie de son Fils Jésus : « Ceci est mon corps, prenez et mangez… Ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’alliance nouvelle et éternelle (…) vous ferez cela en mémoire de moi » (canon messe). Lorsque deux ou trois, ou beaucoup plus, sont rassemblés au nom de Jésus, il est là au milieu d’eux. « Je suis au milieu », au-dedans de chacun et entre nous tous.

C’est lui notre alliance avec Dieu, une alliance vivante, unique et définitive qui récapitule toutes les alliances précédentes : le cosmos, l’univers de tous les univers, la création, Adam et Eve, Noé, Abraham, Moïse, les Patriarches, les Prophètes, Jean-Baptiste, Jésus, l’Eglise peuple de l’Alliance… et nous peuple de l’Alliance à La Réunion. Alliance dans la Tradition des Apôtres, avec le sens de la foi, avec le sens de l’Eglise, alliance confirmée par le successeur de Pierre, le pape François. Église à La Réunion, sois l’âme de notre peuple arc-en-ciel appelé tout entier à connaître de quel amour il est aimé par Notre Père des Cieux. Il veut faire de nous des citoyens des cieux avec le fruit de la terre et du travail des hommes qui deviennent le corps et le sang du Christ. Tout cela est un trésor inestimable dont nous avons à prendre conscience personnellement et collectivement, dans le respect de nos légitimes différences, pour qu’émerge et se développe une « conscience réunionnaise » qui permettra à tous de travailler à un véritable bien commun.

Église à La Réunion, c’est maintenant le moment favorable pour toi. Éveille-toi. Lève-toi et marche. Garde-toi d’avoir un esprit abattu puisque Dieu veut pour toi un habit de fête, un esprit renouvelé et affermi. Il pose sa main sur toi et son bras fortifie ton courage (cf. Ps 88). église à La Réunion, avec tes baptisés – confirmés, avec tes catéchumènes et tes recommençants, avec tous tes fidèles laïcs, avec toutes tes familles chrétiennes, avec tous tes prêtres ordonnés prêtres à la manière des apôtres, avec tous les diacres serviteurs à la manière du Christ serviteur, avec les religieux, les religieuses et tous les consacrés qui nous invitent à donner notre vie jusqu’au bout de l’amour, avec ceux qui sont dans les usines et les bureaux, dans les cliniques, les hôpitaux et les prisons, avec ceux qui travaillent dans les champs ou en mer… Église à La Réunion, tout en respectant les consignes sanitaires, arrache-toi à la tentation de te laisser engluer dans la déprime ambiante de l’épidémie Covid-19.

Dresse la tête et rouve le zyeux
rouve ton cœur et donne la main
mette ensemble et fais lève l’Espérance

parce que Dieu a confiance en toi. Église à La Réunion, tu as ici une mission particulière : celle d’aider notre île à mériter son nom : « La Réunion ».

Avec l’aide de saint Joseph

Le pape François a placé l’année 2021 sous le patronage de saint Joseph. Il nous présente saint Joseph comme époux de la Vierge Marie, père nourricier de Jésus et gardien de la sainte famille. Devant cette mission difficile, saint Joseph s’est engagé à fond, dans l’humilité, la prudence et la persévérance. Et toujours l’Espérance. Je retiens deux paragraphes de la lettre apostolique du pape François tirant pour nous les leçons de la vie de saint Joseph (Patris Corde) :

« L’histoire du salut s’accomplit en « espérant contre toute espérance » (Rm 4, 18), à travers nos faiblesses. Nous pensons trop souvent que Dieu ne s’appuie que sur notre côté bon et gagnant, alors qu’en réalité la plus grande partie de ses desseins se réalise à travers et en dépit de notre faiblesse. C’est ce qui fait dire à saint Paul : « Pour m’empêcher de me surestimer, j’ai reçu dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler, pour empêcher que je me surestime. Par trois fois, j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi. Mais il m’a déclaré : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse »  » (2 Co 12, 7-9).

Si telle est la perspective de l’économie du salut, alors nous devons apprendre à accueillir notre faiblesse avec une profonde tendresse.

Le Malin nous pousse à regarder notre fragilité avec un jugement négatif. Au contraire, l’Esprit la met en lumière avec tendresse. La tendresse est la meilleure manière de toucher ce qui est fragile en nous. Le fait de montrer du doigt et le jugement que nous utilisons à l’encontre des autres sont souvent un signe de l’incapacité à accueillir en nous notre propre faiblesse, notre propre fragilité. Seule la tendresse nous sauvera de l’œuvre de l’Accusateur (cf. Ap 12, 10). C’est pourquoi il est important de rencontrer la Miséricorde de Dieu, notamment dans le Sacrement de la Réconciliation, en faisant une expérience de vérité et de tendresse. Paradoxalement, le Malin aussi peut nous dire la vérité. Mais s’il le fait, c’est pour nous condamner. Nous savons cependant que la Vérité qui vient de Dieu ne nous condamne pas, mais qu’elle nous accueille, nous embrasse, nous soutient, nous pardonne. La Vérité se présente toujours à nous comme le Père miséricordieux de la parabole (cf. Lc 15, 11-32) : elle vient à notre rencontre, nous redonne la dignité, nous remet debout, fait la fête pour nous parce que « mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ».

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Chers frères prêtres, chers frères diacres, chers amis, Paul VI a voulu faire de la messe chrismale une véritable fête du sacerdoce :

◦ Sacerdoce du Christ qui a offert son sacrifice sur l’autel de la croix et en institua le mémorial à la dernière cène.

◦ Sacerdoce des ministres qu’il a appelés à continuer son œuvre, les évêques et les prêtres. Il leur a donné la mission d’annoncer l’Evangile, de conduire son peuple et de célébrer les sacrements avec le pouvoir exclusif de célébrer son sacrifice et de remettre les péchés en son nom.

◦ Sacerdoce du peuple chrétien chargé lui aussi de faire connaître Jésus-Christ, d’être dans le monde un ferment de sainteté et d’instaurer le Royaume de Dieu en accomplissant ses tâches temporelles [2].

A vous tous, je souhaite donc un saint triduum pascal et plus spécialement à tous mes frères prêtres pour demain.

Cœur de Jésus, cœur de mon cœur et plus grand que mon cœur, embrase mon cœur au feu d’amour de ton cœur. « Crée en moi un cœur pur. Renouvelle et raffermis en moi mon esprit » (Ps. 50)

Photos : Équipe Sedifop


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