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Devenir une bénédiction pour les nouvelles générations

En ce 1er janvier, Journée mondiale de la Paix, Fr Manuel Rivero o.p. commente le message du pape François à cette occasion.

Article mis en ligne le 1er janvier 2022

par Centre diocésain d’information

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À l’aube de cette nouvelle année 2022, la liturgie de l’Église tourne nos yeux et nos cœurs vers la Vierge Marie, la Mère de Dieu. Les mères sont les sanctuaires de la vie humaine. La Vierge Marie est aussi le sanctuaire de la Vie de Dieu. Mère de Jésus, le Fils de Dieu fait homme, Marie est célébrée comme la Mère de Dieu selon la belle définition dogmatique du Concile d’Éphèse en l’an 431.

Sur le Calvaire, Jésus nous a donné sa mère comme Mère spirituelle : « Voici ton fils » (Jn 19, 26), a-t-il dit à sa mère, Marie, qui se tenait debout au pied de la croix, en lui montrant son disciple bien-aimé, Jean, image de la communauté chrétienne. En entendant Jésus lui dire « Voici ta mère », Jean a pris Marie chez lui, dans sa maison mais surtout dans son âme comme Mère spirituelle et modèle de foi.

La vie commence dans le sein de la femme qui devient mère. La vie de Dieu nous est donnée par une femme, Marie, Mère de Jésus, « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6).

Mes frères, mes sœurs, accueillons aujourd’hui la Vie de Dieu transmise par une femme, Mère de Dieu, la Vierge Marie. À l’exemple de saint Jean, le disciple bien-aimé, prenons la Mère de Jésus chez nous, dans notre cœur. Devenons fils et filles de Marie en partageant la vie de Jésus son fils, notre frère aîné, prémices de notre salut et de notre résurrection.

Dans son message pour la Journée mondiale de la Paix célébrée le 1er janvier, le pape François a mis en lumière trois dimensions de la vie sociale : le dialogue entre les générations, l’éducation et le travail.

 Le dialogue entre les générations

Qui mieux qu’une maman pour relier les générations ? Les mères rassemblent leurs enfants souvent tentés par des sentiments de rivalité et de jalousie. Quand les mères quittent ce monde le risque est grand de voir leurs fils s’éloigner les uns des autres.

Une mère représente une bénédiction pour ses enfants. En ce premier jour de l’an, nous présentons nos meilleurs vœux à ceux que nous aimons. Souvent nous citons la santé, l’amour et l’argent. Ce sont de bons souhaits nécessaires pour exister mais Dieu voit encore plus grand que nous. Dieu nous bénit et il veut que nous transmettions sa bénédiction comme Moïse le fit envers Israël : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage et t’apporte la paix » (Nb 6, 22-27).

Oui, le Seigneur nous bénit pour que nous devenions à notre tour une bénédiction pour les autres. Bénédiction, selon son étymologie, a le sens précisément de « dire du bien ».

La Vierge Marie, femme 100% juive, 100% chrétienne, la première chrétienne, a relié en elle l’Ancient Testament, la Première Alliance, et le Nouveau Testament, l’Alliance nouvelle et éternelle. Chaînon entre ces deux Alliances, Marie continue d’œuvrer par son intercession pour l’humanité à ce dialogue entre les générations. Bienheureuse mission accomplie par la mère de Jésus comme nous le chantons dans son Magnificat : « Désormais toutes les générations me diront bienheureuse » (Lc 1,48).

Disons du bien des nouvelles générations. Ne soyons pas auto-référentiels. À ce propos, je me souviens d’une anecdote du temps où j’étais novice dominicain à Toulouse. Notre père maître des novices, le frère Jean-René Bouchet, estimait le frère De Parseval qui fêtait à Marseille un anniversaire d’ordination. Nous étions réunis dans le cloître du couvent dominicain de la cité phocéenne autour du frère De Parseval, belle et forte personnalité, aumônier de la prison des Baumettes et ami des pauvres. Ce bon frère était original. À la grande surprise des invités, il sortit une enveloppe qui contenait le message qu’il s’était écrit à lui-même vingt ans auparavant. Il lut son contenu : « Ne dis jamais ‘de mon temps’ et n’embête pas les jeunes ». Ne disons pas « de mon temps » et aimons les jeunes.

Avec l’âge, les adultes apprennent des choses et le risque est grand de critiquer les nouvelles générations, s’estimant meilleurs qu’elles : « Ces jeunes ne savent rien. Ils font des fautes d’orthographe. Ils manquent de discipline et d’endurance… ».

L’expérience nous apprend l’humilité et les comparaisons sont odieuses comme le dit le proverbe. Les nouvelles générations ont de nouveaux défis à relever dans des contextes différents.

Le père jésuite, Pierre Teilhard de Chardin, rappelait que si nous voulons convertir les autres il faut les aimer.

Les mères, de par leur grande influence sur leurs enfants, ont à jouer ce rôle de dialogue entre les générations. Je pense ici à ma propre maman, qui devenue très âgée, vivant seule dans son long veuvage, disait du bien des jeunes. Un jour où un vent très fort avait failli la renverser dans la rue avec ses courses, un jeune l’avait aidée. Et ma mère de proclamer : « Ils sont bien ces jeunes ! ». La jeunesse porte en elle le désir de servir. Nous en avons des preuves. Au Pèlerinage du Rosaire à Lourdes, les collégiens et les lycéens se réjouissent de servir les malades comme brancardiers et animateurs de prières et de veillées dans les salles des malades de la cité mariale. Lourdes montre un bel exemple de dialogue entre les générations.

 Éducation

En parlant de la paternité spirituelle des prêtres, saint Thomas d’Aquin (+1274), le Docteur angélique, souligne la double paternité des pères de famille. Les pères et les mères vivent la paternité et la maternité physiques mais aussi la paternité et la maternité spirituelles. Il s’agit de la plénitude du développement humain intégral.

Il n’est pas nécessaire d’avoir accompli de longues études de théologie pour témoigner de la foi par l’exemple et par la parole. À Noël, dans la mangeoire de Bethléem, Marie et Joseph gardent le silence en prière devant l’Enfant Jésus.

Dieu a choisi des bergers analphabètes pour leur révéler la naissance du Messie et Il les a enveloppés de sa gloire lumineuse. Ce sont ces bergers qui ont cru et qui se sont déplacés jusqu’à la crèche. Ayant contemplé dans l’éblouissement le mystère de la naissance du Fils de Dieu fait homme, ces bergers ont glorifié et loué Dieu en portant témoignage de l’annonce de l’Ange et de la naissance du Sauveur.

Nous nous façonnons les uns les autres, pour le meilleur et pour le pire, par ce que nous aimons et par ce que nous faisons. Nous transmettons ce que nous aimons. Nous pouvons aussi transmettre nos peurs et nos angoisses sans y penser de manière consciente.

L’Église nous exhorte à développer une éducation intégrale de la personne humaine avec ses potentialités physiques, affectives, intellectuelles et spirituelles.

L’éducation ne consiste pas à « remplir des bouteilles vides » mais à développer ce qui est en chacun à l’état de germe comme une graine appelée à grandir dans un bon terreau, grâce à l’eau et à la lumière.

« Nous travaillons beaucoup pour que nos enfants ne manquent de rien », déclarent parfois les parents. En réalité, les enfants manqueront toujours de quelque chose. L’Évangile de Jésus propose le bonheur vécu dans des manques. Dans la société de consommation, la publicité promet ce qu’elle ne peut pas donner : le bonheur en plénitude. La publicité nous dit : « Tu n’es pas bien parce qu’il te manque quelque chose d’indispensable que le produit acheté va t’apporter ». Autre est l’enseignement de Jésus : « Quitte et suis-moi ». C’est la foi qui te manque pour recevoir la Vie. Possédé par ses possessions, le jeune homme riche de l’Évangile était devenu tout triste en refusant de partager ses biens et de suivre Jésus (cf. Mc 10,17s).

Éduquer, c’est éduquer au bonheur et non à la consommation. Rares sont les parents qui promettent le bonheur aux enfants. Nombreux sont les parents qui offrent des biens matériels aux enfants tout en leur disant que cela risque de ne pas durer. Il y a une pédagogie chrétienne qui repose sur l’amour pour dire aux enfants : « Mon enfant, dans la vie il te manquera toujours quelque chose (la santé, la réussite, l’harmonie sentimentale…), mais l’amour de Dieu et l’amour de ta famille ne te feront jamais défaut. Cet amour est sûr et fidèle. D’où le besoin de la prière pour le remercier, le recevoir et le faire grandir.

 Travail

La troisième dimension sociale signalée par le pape François dans son message pour la Journée mondiale de la Paix concerne le travail ; le travail, non seulement comme source d’argent bien nécessaire, mais aussi comme dignité humaine.

Créé co-créateur par Dieu créateur, la personne humaine grandit en dignité par le travail réalisé avec compétence, responsabilité et dévouement.

En tant qu’aumônier de la prison de Domenjod, je constate la joie des personnes détenues quand elles obtiennent un petit travail dans la prison (nettoyage, service des repas…). La petite rémunération, deux euros de l’heure, permet quelques achats et de petites économies. Elle donne aussi de la dignité. Le travail permet de sortir de la passivité et des pensées habituelles souvent négatives.

Que le Seigneur bénisse nos familles et le dialogue entre les générations ! Que le Seigneur bénisse ceux qui créent des postes de travail, ceux qui travaillent et tous ceux qui désirent travailler ! Que le Seigneur bénisse les mères de famille et toutes les personnes qui accomplissent des travaux quotidiens non rémunérés avec foi, fidélité et amour !

Que le Seigneur bénisse cette nouvelle année 2022 et qu’Il fasse de nous une bénédiction pour les autres ! Amen !

Saint-Denis (La Réunion), le 1er janvier 2022.

Image par Gerd Altmann de Pixabay


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