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Arast : ne rien entendre, ne rien voir, ne rien dire
Article mis en ligne le 8 janvier 2010
dernière modification le 13 janvier 2010

par Françoise Adam de Villiers

Le silence des chrétiens alors que les ex-salariés de l’Arast vivent dans l’angoisse depuis des semaines ! Quel scandale, ce silence...

Il y aurait pourtant à dire sur toute l’histoire Arast. Pas pour commenter syle café du commerce, mais pour dégager des grandes lignes et dénoncer ce qui là-dedans devrait être intolérable pour des gens qui professent que Dieu est amour et vérité, justice et paix !

Et plus encore ces derniers jours, où l’on mesure davantage comment les personnes ne sont plus que des objets entre deux institutions qui les mènent en bateau en les coinçant dans une situation inhumaine.

Mais quand on écoute le silence des chrétiens… comment ne pas se dire que nous restons scandaleusement assis sur le bord du chemin à regarder passer le train ?

Oh ! On en a bien parlé, sans doute, dans quelques cercles ecclésiaux. Dans l’une ou l’autre paroisse, l’un ou l’autre mouvement, on a même fait des licenciés de l’Arast, à mots feutrés, des « sujets » d’intentions de prière. Et puis ?

Et puis rien, pour autant qu’on sache.

On peut espérer qu’individuellement, des soutiens se sont manifestés, des réconforts ont été apportés –d’autant que parmi les licenciés de l’Arast, un certain nombre sont probablement des baptisés.

Mais quels chrétiens sur le terrain, parmi les licenciés, avec eux au conseil général ? Sur la place de la préfecture, à attendre, à osciller de l’espoir au désespoir ? Pas pour prétendre intervenir dans l’affaire, chercher des solutions, faire jouer des influences… encore qu’une parole ou une action collective ne seraient pas condamnables, si quelques-uns s’y sentaient appelés. Mais simplement pour être là, pour être avec, proche, solidaire de frères et sœurs en humanité ? Et pour essayer de dire quelque chose qui aide à vivre, qui ravive l’espérance ?

Et quelle parole, individuelle ou collective, quelle parole indignée qui en appelle à la justice ?

Avec des absences aussi aveuglantes, des silences à ce point épais, comment l’Église peut-elle prétendre annoncer la Bonne Nouvelle ? Seul un être incarné, qui regarde l’autre dans les yeux, qui lui tend la main, qui se laisse toucher par lui, peut dire l’Évangile de manière crédible. Par son attitude, par ses actes qui sont déjà langage. Et aussi parce que ces actes sont comme la garantie d’authenticité des paroles prononcées.

Dans le jargon de l’Église, on appelle parfois cela la « présence au monde ». Il y aurait des manières plus simples de dire. Par exemple : comment vivre pleinement, totalement en chrétien. Sans cantonner sa foi à la seule piété.

Ce n’est pas une invention du jour. Ce n’est pas non plus une simple question de mots. La « présence au monde », ce n’est rien d’autre que l’incarnation. Dieu qui se fait présent au cœur du monde en naissant, en vivant, en mourant comme un être humain. Et cette incarnation n’est pas le fait du seul Fils de Dieu : chaque chrétien est bel et bien invité à en faire autant, et toujours plus intensément tout au long de sa vie. C’est cela, être chrétien : incarné jusqu’au bout des ongles, en relation avec son Créateur et avec toutes les autres créatures. Évidemment, ça suppose de s’informer un peu, de ranger ses pantoufles au placard et de se donner des coups de pied au derrière pour y aller...

(Photo : Les singes de la sagesse. Sculpture de Hidari Jingoro au sanctuaire Tōshōgū à Nikkō, Japon)


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